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Le plus souvent, on ne comprend qu'on est face à un régime fasciste que quand il devient martial et violent. Avant ces évidences, il est parfois difficile de le "voir venir"...

Il se distingue du totalitarisme par l'indigence de son idéologie, qui est donc évolutive et non basée sur une doctrine.
Par exemple, c'est ce qui a différencié le fascisme italien, le nazisme, théorisé dans Mein Kampf avant d'arriver d'Hitler au pouvoir, et le stalinisme, fondé sur le communisme.

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Public

8) l'humiliation de la population par ses "ennemis intérieurs et extérieurs", par leur richesse, leur force ;
9) présenter la vie comme une lutte permanente (notez bien ceci pour la suite) ;
10) l'élitisme populaire (l'appartenance au "meilleur peuple du monde") ;
11) éduquer des héros, qui doivent devenir la norme (exaltation du corps masculin) ;
12) machisme méprisant les femmes et les communautés LGBTQIA+ ;
13) un populisme qualitatif ("le peuple" indivisible, contre "la majorité") ;

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14) la nécessaire simplification du langage, contre celui des élites.

Robert Paxton, quant à lui, connu pour ses travaux sur le régime de Vichy, a distingué les cinq étapes de l'avènement du fascisme :

1) l'exploration intellectuelle : ici, la désillusion face à la démocratie populaire se manifeste par des débats sur la "perte de vigueur nationale" ;
2) l'enracinement : aidé par 1 impasse, une polarisation politiques, un mouvement fasciste devient un acteur politique sur la scène nationale

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Public

3) l'arrivée au pouvoir, étape à laquelle les conservateurs, cherchant à contrôler une opposition de gauche montante partagent le pouvoir avec les fascistes ;
4) l'exercice du pouvoir, où le mouvement fasciste et son leader contrôlent l'Etat en s'appuyant sur diverses "institutions" telles que la police, les élites traditionnelles, le Clergé, les magnats des affaires ;
5) la radicalisation, soit vers 1 régime totalitaire soit vers 1 régime autoritaire.

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Je n'évoquerai pas ici Hannah Arendt, dont les travaux me paraissent plus pertinents sur le totalitarisme et l'antisémitisme que sur le fascisme (et pourtant, j'ai été biberonné par un prof d'histoire politique juif anar : Roland Lewin, dont l'histoire personnelle était marquante, tout autant que ses convictions et son amour immodéré des cigares - à l'entrée de son bureau à l'IEP de Grenoble était d'ailleurs placardé un écriteau "interdit aux non-fumeurs". Mais je digresse, c'est énorme).
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Public

Alors, qu'en est-il ?

Savez-vous qui a annoncé la venue d'un "Reich unifié", l'organisation de "déportations de masse" et qualifié les étrangers de "vermine" qui "empoisonne le sang" de son pays ? Adolf Hitler ? Benito Mussolini ? Non : Donald Trump, celui-là même qui a dit que s'il était réélu, les Américains n'auraient plus jamais à voter. Et malgré ça, nombreux sont ceux qui le voient encore comme un réac conservateur pragmatique qui "aboie mais ne mord pas".

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Public

Et d'après vous, en France, à quelle étape en est-on parmi les cinq décrites et expliquées par Robert Paxton ?

Je pense que le fascisme est de retour en Occident. C'est très peu dit, c'est même tu, parce qu'il est difficile à "voir venir", je le répète. Pourtant, on ne manque pas de clés de lecture ! Et celles que je viens d'évoquer mettent en évidence une chose : le fascisme, par son aspect flou, est un véhicule idéal pour diverses idéologies. Autrement dit : il est multiforme.

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Contrairement aux fascismes européens du XXème siècle, qui s'appuyaient sur un Etat fort et sur une identité nationale faite de "terroirs" culturels et naturels, les fascismes du XXIème siècle ont, je crois, un point commun : ils sont devenus les véhicules du libertarianisme. On l'a vu avec Javier Milei en Argentine ; on le voit aujourd'hui avec Trump et Musk, entre autres.
Et cette idéologie [EDIT : libertarienne] est précisément contre l'idée de nature, d'environnement, de climat.

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Public

Elle érige en paradigmes identitaires le démantèlement de l'Etat et la dérégulation totale de l'économie (et singulièrement, de l'industrie, vue comme arme de "puissance").
Les fascismes du XXIème siècle sont donc CONTRE toute idéologie ou politique environnementale. Ils sont POUR la destruction de la nature et du climat au nom de la liberté d'entreprendre, de produire, de travailler, le travail étant le moyen de vivre.
Ce qu'on voit arriver sur le continent américain va contaminer l'Europe.
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Public

On l'observe déjà quand les militants pour le climat sont qualifiés "d'écoterroristes".
La singularité de ces nouveaux fascismes n'est plus tant l'appauvrissement de la langue, jadis gage de maîtrise de la pensée, que l'attaque des sciences et des scientifiques. L'écoscepticisme est la nouvelle novlangue.

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Public

Vous vous souvenez de la 9ème caractéristique du fascisme selon Umberto Eco, "la vie, présentée comme une lutte permanente" ? Je pense qu'aujourd'hui, ce ne sont plus seulement les "étrangers" (les "migrants", dit-on pudiquement, ou bien on les dépersonnifie en disant "l'immigration") ou la Gauche qu'il faut combattre pour ceux-là : c'est aussi la nature.
La nature, le nouvel ennemi, montré largement dans les médias qui décrivent les catastrophes "naturelles".

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Public

Pour moi, c'est ça, légitimer de "s'adapter à un climat à +4°C" : c'est faire rentrer dans les esprits que les populations vont devoir affronter toujours plus de catastrophes. Celles-ci pourraient même devenir un argument de cohésion nationale, après être des éléments de mobilisation.

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Public

Donald Trump est arrivé au pouvoir début 2017. Ce n'est qu'à la fin de son mandat, après l'assaut du Capitole, que Robert Paxton l'a qualifié de dirigeant fasciste.
Si lui l'explique, c'est que c'en est un.
"Trump I" était sorti de l'accord de Paris. "Trump II" réitérera et ira encore plus loin. Pour lui, l'environnement pourrait être comme les ruches d'abeilles installées dans les raffineries pétrolières. J'ai goûté le miel de celle de Feyzin, il est fort aromatique.

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Public

Ainsi donc, soyons-en sûrs : le fascisme est revenu en Occident, avec un nouveau costume, et sans s'annoncer. Mais il est là.

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Nours
Public

@Cinquante_et_1 Ça me fait mal de le dire mais je pense que tu as raison. Maintenant comment on se bat contre lui ?

FredricT #NouveauFrontPopulaire

@Nours @Cinquante_et_1 Historiquement, les syndicats ont été des forces d’opposition au fascisme, en aidant la population à se fédérer contre des puissants. Donc rejoindre un syndicat et y être actif me paraît un bon début.

Florian Judith
Public calme

@FredricT @Nours @Cinquante_et_1 les syndicats tels qu'ils sont aujourd'hui sont au mieux dilués dans leur rôle de contre pouvoir, au pire des instruments du pouvoir…

On l'a vu avec les dernières luttes, leurs propositions étaient inefficaces…

Je suis le premier à en être navré, ayant justement rejoint un syndicat dans cet objectif décrit ici…

Il me semble urgent de réinventer ces luttes…

Nours
Public calme

@Florian @FredricT @Cinquante_et_1 je suis d'accord avec toi quand je songe aux grands syndicats les plus connus. J'ai l'impression que Sud Solidaires n'est pas encore atteint par cette corruption mais peut-être que je me trompe

Florian Judith
Public calme

@Nours @FredricT @Cinquante_et_1 c'est d'ailleurs pour ça que je les ai choisi. Mais ils n'ont que peu de poids…

FredricT #NouveauFrontPopulaire
Public calme

@Florian @Nours @Cinquante_et_1 Alors, ne confondons pas les directions centrales des syndicats, dont les logiques peuvent sembler éloignées des préoccupations du terrain, et les syndicats d’entreprise ou locaux, qui ont des préoccupations plus concrètes. Ces petites structures fournissent les dirigeants centraux, mais c’est effectivement compliqué d’avoir de l’influence du local vers le central. Néanmoins, ça me paraît important d’agir dans ces structures, qui ont souvent une grande liberté d’action (sauf à la CFDT… 😇)